mercredi 19 novembre 2008

France - Beacoup de bruit pour rien

Les socialistes ont une force : ils réussissent toujours à se diviser sur des problèmes qui n'en sont pas, des débats factices qui servent de prétexte à une haine qui, c'est bien le problème, n'a rien ou presque de politique. Ces derniers temps, les exemples foisonnent de querelles illusoires, à des galaxies des préoccupations de ceux qu'il faut convaincre : le mot « révolution » doit-il apparaître dans la déclaration de principes du parti ? Faut-il organiser le congrès à Reims ou à Toulouse ? Doit-on changer de nom ? C'est à travers ces paravents mystificateurs que s'est inscrit le clivage des anciens et des modernes, des archaïques et des visionnaires. Ce week-end encore, à l'occasion du triste congrès de Reims, a pris place un simulacre de désaccord : faut-il, oui ou non, s'allier à François Bayrou ? Plus que jamais, cette question n'en est pas une. Les socialistes n'ont pas le choix.



Dimanche 16 novembre, le président du Modem l'a enfin affirmé : « je suis dans l'opposition à Nicolas Sarkozy ». Le spectre d'un homme politique souvent tenté par l'aventure majoritaire et l'expérience gouvernementale s'éclipse. Il est hors-jeu du pouvoir au moins jusqu'en 2012.

La deuxième crainte des socialistes est idéologique, « il est de droite », disent-ils. Oh, le vilain… De droite ? Chef de file de l'opposition à Edvige, très critique vis-à-vis du modèle ultra consumériste de Sarkozy, et de son atlantisme aveugle. Dénonçant les collusions médiatico-politiques, refusant l'ouverture du capital de la Poste, réclamant la suppression de bouclier fiscal et incendiant la défiscalisation des heures supplémentaires. Enfin pro-européen, appelant à la réhabilitation des valeurs démocratiques d'humanisme et de justice sociale, et partisan d'une relance par l'éducation, la recherche et l'innovation. Si la droite était comme ça… Ce second obstacle ne résiste donc pas à la critique.

Convergences de position ( le PS et le Modem sont dans le même camp), convergences doctrinales ( trop de points communs pour ne pas s'entendre), mais aussi convergences d'intérêts.

Serait-ce bénéfique du strict point de vue électoral ? C'est une évidence. Certains apparatchiks de Solferino redoutent qu'une alliance au centre ne fasse fuir les autres partenaires de gauche ; sauf que le Modem, à lui seul, représente presque deux fois le total de voix de l'extrême gauche tout entière. De plus, les Buffet, Bové ou Besancenot, en n'appelant pas au vote socialiste à ce prétexte précis, prendraient le risque d'offrir à Sarkozy un second mandat, et s'inscriraient de fait dans une incohérence absolue avec leurs discours. Le PS aurait simplement tout à y gagner.

Alors pourquoi en débattre, vu que la question est toute tranchée ? En clair, sans rapprochement, il faudra attendre 2017 pour voir la gauche au pouvoir. Avec, il y a une chance de sortir les sortants. C'est la condition sine qua none à une alternance.

Mesdames et messieurs les socialistes, le temps n'est plus à la posture de prétexte : entredéchirez vous, oui, mais sur des sujets qui en valent la peine. Parallèlement à ces empoignades tragi-comiques, vous vous êtes abstenus, en trois mois, sur de réels enjeux, auxquels vous auriez du répondre : la politique militaire en Afghanistan, le principe du RSA, et le plan de sauvetage des banques. La prestidigitation démocratique a atteint ses limites ; parlez du fond. Et pas que pour la forme.

LOUIS AMAR

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