Vladimir Poutine n'est pas Président de la Fédération de Russie par le fait du hasard, il est un modèle de méritocratie dans une nomenklatura rongé par la corruption. Ce n'est pas non plus la méritocratie flamboyante d'un Napoléon, mais plutôt celle de l'ombre, celle du KGB. Elève modèle de l'Ecole de formation, Poutine entra dans les services secrets soviétiques en 1975. Dès lors il grimpa les marches unes à unes : en 1985 il est affecté à Dresde sous le nom de code « Platov », en 1989 il devient gestionnaire de Saint-Pétersbourg. Il est nommé chef des services secrets en 1999, Premier Ministre de Russie dans la même année, puis enfin vint sa consécration en 2000 et 2004 lorsqu'il remporta les élections présidentielles.
Un Président de la République issu du KGB, c'est un peu comme si James Bond était le Premier Ministre de la Grande-Bretagne. C'est troublant, et surtout très différent des canons de beauté de la démocratie occidentale. Vladimir Fédorovski, ancien conseiller à l'ambassade Soviétique en France et opposant notoire au gouvernement de Poutine, définit la démocratie Russe comme « ambiguë ».
Elle respecte la constitution mais viole le sens de la constitution, on pense alors aux opposants politiques internés pour des soins psychiatriques et que Poutine traite de « chacals ».
Il n'y a pas de censure politique, mais les grands medias sont publics et complètement verrouillés. Si l'on écoute Poutine on apprend que la Russie est une « démocratie dirigée », mais cela ne nous avance pas, n'oublions pas que le terme « démocratie » est utilisé en Russie depuis 1917 et à plus ou moins bon escient.
Il n'y a pas de censure politique, mais les grands medias sont publics et complètement verrouillés. Si l'on écoute Poutine on apprend que la Russie est une « démocratie dirigée », mais cela ne nous avance pas, n'oublions pas que le terme « démocratie » est utilisé en Russie depuis 1917 et à plus ou moins bon escient.
Alors sur quoi se base la force de Poutine si son programme n'est ni démocratique ni autoritaire ? Selon Vladimir Fédorovski elle se base sur « les fantasmes et les peurs des Russes ». La nostalgie que provoque l'époque soviétique, mais aussi l'effroi qu'elle suscite. Poutine a eu cette phrase à l'ambiguïté révélatrice : « Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur. Celui qui la regrette n'a pas d'intelligence ».
"Un Président de la République issu du KGB, c'est un peu comme si James Bond était le Premier Ministre de la Grande-Bretagne" Vladimir Fédorovski
Voici la clé du succès de Poutine et de ses 64% aux législatives du 2 décembre 2007. Un mélange du passé et du présent. Il tient des discours autocrates et nationalistes reprenant des thèmes chers à Staline tel que : « les ennemis sont partout et la Russie reste une forteresse assiégée ». Et les Russes adorent. Ils adorent aussi que leur niveau de vie augmente, chose que le communisme semblait avoir oublié. Car il ne faut pas se faire d'illusion, si Poutine est encore à son poste c'est grâce à la flambée des prix du gaz et du pétrole. La manne financière générée par les matières premières Russes maintient dans le pays une certaine paix sociale. Le sort malheureux d'opposants politiques comme Kasparov et Khodorkovski n'y pourront rien, les Russes vivent mieux et c'est le plus important, et comment leur en vouloir d'applaudir Poutine après l'humiliation qu'ils ont subi avec Gorbatchev et Eltsine? Eltsine était ivre mort à toutes ses conférences internationales.
Ne dérivons pas non plus dans une forme de racisme qui voudrait que les Russes soient incapables d'avoir une démocratie à l'occidentale, mais il semble que ce ne soit pas la priorité pour le moment. En France il a fallu attendre 1875 pour stabiliser la République, soit 84 ans après la révolution Française. La démocratie en Russie fête ses 16 ans, il y a donc encore une marge de progrès.
Remerciements : Vladimir Fédorovski, son ouvrage « Le Fantôme de Staline » est publié aux éditions du Rocher.
CHARLES LAPORTE
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