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jeudi 13 novembre 2008

International - L’anti - t« erreur »isme


« Il ne suffit pas d'être innocent pour ne pas être coupable. » ROUSSEAU

C'est une des premières fois que je me lance dans la lecture de La Croix et, pour célébrer cette première, je vous cite le premier paragraphe de l'édito ; une petite merveille qui ne se rate pour rien au monde. Ne souriez pas, vous êtes filmés !



« Face aux démocraties qui s'imposent un certain nombres de règles pour résoudre leurs différends, les groupes terroristes utilisent des formes d'action qui ne s'encombrent d'aucune précaution éthique. On a connu la période des bombes dans des lieux publics, jusque dans des écoles, et le gaz dans le métro. Mais depuis quelques années, la prise d'otage devient l'arme favorite des rebelles et des bandits et autres groupes sans scrupule. Ils agissent par lâcheté. D'abord parce qu'ils se servent et même s'appuient sur l'éthique de leurs adversaires, car de telles opérations de « réussissent » que si le pays des otages veut les protéger et le libérer. »

Quelle belle vision manichéenne du monde ! Dans le style du mec qui croit au monde des bons et des méchants alors oui, c'est vrai, on peut dire que c'est bien fait. Et pourtant j'ai beau essayer, je n'y parviens pas. Je n'arrive pas à cet état de frustration tel, que par besoin de vivre dans un monde « éthique » et entrainé par ma volonté de soutenir le merveilleux, l'appréciation d'une morale branlante qui me demande de toujours encourager et aider les bons, je puisse m'adonner à un quelconque plaisir à la lecture de ce genre d'article.

Quelle simplicité et quel manque de réalisme ; comment peut-on même soutenir cette image idéale d'un Occident en fait délabré ? L'arrogance d'une civilisation qui étant dominante depuis trop longtemps, s'est permise de mépriser les autres. On a cesse de critiquer les terroristes auxquels on attribue l'étiquette si facile de « musulmans fous de Dieu ». Quelle simplicité ! Encore cette année plusieurs attentats en Corse, attentats terroristes ; par des chrétiens !

A considerer que des gens soutiennent pleinement conscients cette utilisation de la terreur -d'abord parce que eux, qui sont sur place, en vivent plus que nous les conséquences - ne doit-on pas se dire que la misère existe ! Et pourtant ! Des hommes cultivés, en l'occurrence l'éditorialiste de La Croix, se permettent encore de prouver le contraire. Continuer d'ignorer la misère en attribuant ces comportements à la folie. Se persuader encore et toujours de l'innocence d'un Occident aux mains ensanglantées. Le spectacle d'une misère effrayante qui dépasse la scène, que l'on voit partout, que par peur d'affronter et surtout par peur d'y assumer une part de responsabilité, M. Gerbaud, vous comme d'autres, vous ignorez ! L'écriture vous à vous aussi rougit les mains.

Les 100 000 lecteurs, je l'espère, sans conviction, sans même y croire, garderont un œil critique. M. Gerbaud, je l'espère, déjà plus, se rendra compte de son erreur.


 

THOMAS MOGHARAEI

dimanche 9 novembre 2008

International - L'Etat de la crise !

« Nous avions raison », s'époumonent-ils à longueur de faillites, de krachs, de plans de sauvetages, et de résultats dépressifs. Ils sont contents, les étatistes, de voir enfin advenir une crise qui avalise leurs instincts dirigistes refoulés. Mais ils se trompent.
La situation est sans précédent : le dérèglement systémique est réel, et ses répercussions restent encore incertaines ; tout juste sait-on qu'elles seront longues et violentes. Mais l'inédit ne s'accommode pas du réchauffé, et les deux conceptions qui faisaient loi doivent s'estomper sous le poids d'un renouveau que tout le monde appelle, sans jamais le définir.



L'Etat curatif a prouvé qu'il ne valait rien. Il laissait faire, appréciait, se forçait à donner des directives pour la forme. Les spéculateurs se sentaient protégés : que n'aurait-on pas dit à un Etat qui aurait laissé tomber ses administrés, sans sauver les banques, sans réinjecter l'argent nécessaire à une reprise de long terme. Mais à force de jouer au pompier, les déficits approchent l'abîme, et tout de recommencer.
À l'opposé de l'échiquier doctrinal se situait l'Etat excessif. Lui intervenait partout : nationalisations, restrictions à la concurrence, freins au libre-échange, enfin des coups d'épée dans l'eau. S'il était réhabilité et qu'il faisait son retour, jamais le monde ne l'adopterait. Celui qui le célèbrerait irait alors à contre-courant d'une mondialisation fulgurante, où l'ouverture est l'alpha et l'oméga du progrès économique. La perte de compétitivité, ces petits relents protectionnistes sonneraient le glas d'une éventuelle relance.
On pensait que, de ces deux visions, la première avait triomphé à la fin des années 1980, et qu'avec le mur de Berlin s'effondrait toute une mécanique intellectuelle. Vingt ans plus tard, elle ne résiste pas à sa suprématie. Cet antagonisme est donc tombé en désuétude, les deux systèmes ayant prouvé leur inefficacité. Cette fois, on ne fera pas du neuf avec du vieux.

Il faut ainsi donner naissance à une nouvelle notion, l'État préventif. Celui-ci n'agit pas seulement en aval mais en amont de l'économie, à travers des incitations, des sanctions, et une concertation à plusieurs échelles. Sur le plan national, il doit assurer la coexistence de services publics sanctuarisés et d'un secteur privé dynamique et flexible, via le soutien au fer de lance de la création de richesses, les PME. L'Etat préventif doit s'imposer au niveau communautaire avec la redéfinition d'un cadre à la fois plus strict et plus sain. Enfin il doit prévaloir dans les grandes négociations internationales, afin d'aboutir à une régulation plus ferme, qui ne bloque pas les aspirations des entreprises, mais les recentre sur le chemin de la justice économique et sociale. Il doit faire en sorte que l'enrichissement de quelques-uns n'entraîne plus la misère de tous les autres.
La main omnipotente et la main invisible se sont broyées sous le poids des soubresauts des marchés. La main visible, de fer dans un gant de velours, saura, elle, empêcher les catastrophes du fait de son action continuelle, sans brider l'activité économique par sa toute-puissance velléitaire.

L'effort de conceptualisation, de recréation d'un cadre viable, est nécessaire en période de troubles. Il est, c'est vrai, plus confortable de s'en remettre aux grands modèles de référence, de les faire renaître de leurs cendres, et de claironner la victoire idéologique en oubliant qu'il s'agit, tout au contraire, d'une défaite de plus. Jamais, l'avenir ne s'est construit sur le passé.

LOUIS AMAR

mardi 21 octobre 2008

International - Crise de la crise !


La crise. Ces dernières semaines, les évènements la concernant s'enchainent et, dans un mouvement passionné tout le monde regarde régulièrement les cours de bourse ; une passion soudaine pour la courbe car, sans trop savoir ce qu'elle signifie, on veut la voir monter ! « Monte ! Monte ! », se dit-on intérieurement. Car oui, toute la journée, même quand on marche – vous remarquerez l'utilité du « même » (il y en a aucune) – on y pense.

Eh bien, me disais-je l'autre jour en marchant, l'économie est quand même le seul domaine pour lequel on s'inquiète, sans pour autant rien n'y comprendre. Je le trouve drôle ce sentiment d'anxiété, presque une angoisse qui nous envahit soudainement à chaque annonce de baisse. Sans doute a-t-on peur pour nos économies, notre vie, notre monde, tout va s'effondrer et derrière, que va-t-il arriver ? On s'en remet à Dieu. La prière : la bible, le coran, la torah, au fond peu importe, mais que quelqu'un nous aide.

De mon point de vue, trop naïf ou peut-être simplement très con, cette crise tombe à pic. Tout tournait déjà de travers depuis quelques années, on voyait le gouffre ou au moins, on sentait le vide qui le rend si effrayant. On évoquait et on évoque encore les risques pour l'environnement, on déplororait et on déplore encore les guerres, la pauvreté, la misère et finalement, rien ou presque ne change et ne changera. Dans cette optique un peu simpliste, je n'ai qu'une chose à dire, que la crise se dépêche de frapper, moi, j'attends le changement !

THOMAS MOGHARAEI

samedi 26 janvier 2008

International - "Dans le nu de la vie, récits des marais rwandais", Jean Hatzfeld

Entre le 6 avril et le 4 juillet 1994, une guerre civile s’est transformée en un génocide ethnique d’une violence et d’une cruauté sans pareilles. En effet, en trois mois, l’ONU estime que 800 000 Rwandais, en particulier Tutsis, ont trouvé la mort. D’une durée de 100 jours, ce fut le génocide le plus rapide et « efficace » (en terme de morts par jour) de l’histoire.
Lorsque débutent les massacre au printemps 1994, Jean Hatzfeld, reporter pour Libération, les découvre à la télévision, pendant qu’il couvre la coupe de monde de football aux Etats-Unis. Comme beaucoup, il est choqué du peu de place qu’accordent les medias au génocide lui-même, mais surtout aux rescapés.
En 1997, il se rend au Rwanda, accompagné du photographe Raymond Depardon. Hatzfeld est bien décidé à entendre les témoignages des survivants Tutsis de la commune de Nyamata et des alentours. Là-bas, environ 50 000 Tutsis sur un total de 59 000 ont été massacrés à la machette, dans les églises, dans les villages, mais surtout dans les marais, où ils essayaient désespérément d’échapper aux miliciens Hutus.
Hatzfeld écrit lui-même que, pendant de nombreuses années, « les rescapés des collines de Nyamata, comme ailleurs, ont gardé le silence, aussi énigmatique que le silence des rescapés au lendemain de l’ouverture des camps de concentration nazis. » Lorsqu’on lit Primo Lévi, il est impossible de rester de marbre devant les descriptions qu’il fait des camps, de la réalité du génocide juif, de l’atrocité des chambres à gaz, et des conditions de vie des prisonniers. Lorsqu’on lit les témoignages que Jean Hatzfeld a recueilli, on est tout simplement abasourdi.
Quatorze témoignages sont regroupés. Mais qu’il s’agisse de Cassius Niyonsaba, 12 ans, jeune berger, d’Edith Uwanyiligira, 34 ans, économe scolaire, ou d’Innocent Rwililiza, 38 ans, enseignant, on retrouve les mêmes souvenirs. Ce sont les mêmes récits des fuites dans les marais, des journées passées dans la boue, à côtoyer la mort, à vivre avec les maladies et les blessures. Tous ces Tutsis racontent comment ils ont du vivre comme des animaux, camouflés sous les arbres et les buissons ;ils décrivent sans ciller comment ils ont vu leurs amis, leurs conjoints, leurs parents ou leurs enfants se faire massacrer sous leurs yeux.
C’est un sentiment très étrange, que l’on n’est pas habitué à ressentir, et qui nous saute à la gorge au fur et à mesure qu’on avance dans les témoignages. Jeannette Ayinkamiye, 17 ans, raconte avec courage, sans pleurer, à Jean Hatzfeld, comment elle a vu sa mère mourir, dans les marais de Nyamata : « Un jour, les interahamwe ( les tueurs Hutus ) ont déniché maman sous les papyrus. Elle s’est levée et leur a proposé de l’argent pour être tuée d’un seul coup de machette. Ils l’ont déshabillée pour prendre l’argent noué à son pagne. Ils lui ont coupé d’abord les deux bras, et ensuite les deux jambes. »
Malgré les horreurs vécues, les Tutsis interrogés ne se plaignent jamais. Plus encore, ils racontent leurs histoires avec un ton si léger, une langue si fluide, et un tel art de la litote et de la métaphore, qu’il arrive qu’on en oublie la laideur de ce dont ils parlent. C’est en même temps terriblement beau et incroyablement cruel. Presque de la poésie.
« Je crois que jamais les Blancs, ni même les Noirs des pays avoisinants,
ne vont croire ce qui s’est passé chez nous. » Jean Hatzveld

Certains récits peuvent sembler répétitifs, mais on se rend encore plus compte du traumatisme psychologique, de la douleur, et surtout de l’incompréhension que les Tutsis ressentent. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Qu’ils soient vieux ou jeunes, comme le petit Janvier Munyaneza, 14 ans, ils ne comprennent pas. « Si j’essaie de trouver une réponse à ces hécatombes, si j’essaie de savoir pourquoi nous devions être coupés, mon esprit s’en trouve malmené ; et j’hésite sur tout ce qui m’entoure. Je ne saisirai jamais la pensée des cohabitants Hutus. »
En lisant ce livre, on porte un nouveau regard sur nos pays, nos riches pays occidentaux. Parce qu’ils craignaient d'imposer trop d’obligations à respecter, les auteurs de la Convention pour la prévention et la répression des crimes de génocide de 1948 ont décidé qu'il valait mieux inscrire dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme des questions plus vastes portant sur la survie des minorités, comme la protection de la langue et de la culture. Ils ont décidé d'exclure ce qu'on appelait alors " le génocide culturel ". Où place-t-on là dedans le génocide rwandais ? Comment a-t-on pu laisser une telle atrocité avoir lieu ? Le livre de Jean Hatzfeld a pour but que l’on reconnaisse, et que l’on n’oublie pas les rescapés et les morts de la colline de Nyamata et des marais du Rwanda. Ce livre aussi poétique que choquant est là pour que nous tentions, humains que nous sommes, d’éviter dorénavant à tout prix des événements comparables à celui-ci. Malgré tout, certains survivants disent que, même s’ils en parlent régulièrement entre eux, il ne faut pas trop penser au génocide, « Parce que si on s’attarde trop sur la peur du génocide, on perd l’espoir. On perd ce qu’on a réussi à sauver de la vie. On risque d’être contaminé par une autre folie. […] ce n’est plus de l’humain. »
Jean Hatzfeld est journaliste et écrivain. Il a séjourné plusieurs mois au Rwanda depuis 1994, afin de recueillir divers témoignages pour écrire ses trois livres sur le génocide rwandais : « Dans le nu de la vie » (2000), « Une saison de machettes » (2003) et « La Stratégie des antilopes » (2007). A sa sortie, en 2000, « Dans le nu de la vie » a reçu le Prix France Culture.



LAURA KUGEL

samedi 19 janvier 2008

International - Gagné d'avance?



Il est une idée répandue, en France, selon laquelle après une période de trouble politique, où s’amoncellent erreurs, approximations et désamour, l’alternance est une obligation. Toutefois, cette vision ne répond à aucune expérience nationale récente : malgré la crise des banlieues, la cote de popularité en chute libre de Jacques Chirac, l’imbroglio Clearstream ou le mouvement puissant contre le CPE, la droite est restée au pouvoir.



Il est une idée répandue, en France, selon laquelle seul un Démocrate peut empocher le scrutin présidentiel américain. Comme si le duel Clinton-Obama était en fait un second tour avant la lettre.



La célèbre politologue américaine Susan George parie, elle, sur la victoire du Républicain John MC Cain, sénateur, respecté, ultra-libéral, et à qui rester « cent ans » en Irak ne disconviendrait pas… Aux Etats-Unis, les différences fondamentales sont ténues entre les deux grands partis : tous deux libéraux, pro capitaliste, ils se distinguent essentiellement par leurs visions sociétales, progressistes ou conservatrices. Toujours selon Susan George, ce pronostic s’explique justement par ce clivage quasi illisible. Le plus à gauche des Démocrates, John Edwards (qui s’était déjà engagé en 2004 pour le poste de vice-président de John Kerry), le seul à promettre un retrait immédiat des troupes d’Irak, le seul à introduire dans ses discours les notions de classes sociales disparates et antagonistes, plutôt qu’un bloc uniforme, est hors course.

"La célèbre politologue américaine Susan George parie, elle, sur la victoire du
Républicain John MC Cain"

Sans réelle opposition, dans un pays où le vote, soit pour une femme, soit pour un noir sans grande expérience reste une inconnue, ce scrutin est bien davantage indécis que l’opinion courante ne le laisse à penser. De plus l’électorat conservateur, majoritaire à deux reprises, est très attaché à la tradition catholique. Et lors du premier caucus, dans l’Iowa, Mike Huckabee, le pasteur évangéliste, l’a emporté. Quant à MC Cain, il est clairement contre le mariage gay, et surtout contre l’avortement, dans la lignée des positions vaticanes.



Reste à voir aussi si les thématiques de l’espoir et du changement, mises en avant et par Hillary Clinton, et par Barak Obama, résonneront au cœur d’un Amérique désenchantée.



Dans son édition de la fin novembre dernier, Le Figaro magazine s’interrogeait sur l’invincibilité de l’ex-première dame. Mais il serait temps de reléguer ce présupposé au profit de la réalité élective. Le mythe, le fantasme et l’assurance aveugle, autant d’éléments constitutifs de la politique-fiction, ouvrent parfaitement la voie de la désillusion.


L.A

mercredi 16 janvier 2008

International - Les restes du Colonialisme en Afrique.

Quels sont les mots qui vous viendraient à l’esprit pour évoquer la situation du continent africain ? On hésite, on ne s’y ait jamais vraiment intéressé, mais au fond on sait que ça va mal. Pauvreté, famine, instabilités politiques, SIDA ou paludisme ; la liste est longue et le constat est lourd. Mais il ne tient pas de notre unique responsabilité d’intervenir pour essayer de rétablir une situation viable, car c’est aussi de leur faute.







Alors oui, c’est vrai, c’est sans doute un peu de leur faute car jamais, et ça il faut le répéter, une situation ne nous est imposée à long terme. Un peuple ne subit jamais une dictature, il la préfère à l’effort – parfois le prix d’une vie – nécessaire pour s’en débarrasser.



L’Afrique souffre, c’est un fait. Est-ce un choix ? Est-ce qu’elle préfère souffrir que faire l’effort de s’en sortir ? Je ne sais pas vraiment.



Les nombreux problèmes qui subviennent aujourd’hui avec les organisations internationales en ce qui concerne les subventions abusives de certains produits – cotons ou blé par exemple - placent les pays pauvres dans l’incapacité de vendre leurs productions sur le marché international ne font qu’aggraver une situation déjà peu supportable. Les difficultés climatiques, économiques et politiques la pérennisent.



Mais comme nous l’avons évoqué plus tôt le sort d’un groupe tient en grande partie à sa volonté de produire le changement. Ca tombe bien, car la terre africaine est riche en ressources et une élite intellectuelle capable d’assurer l’éventuelle transition vers la démocratie existe. Que reste-t-il pour expliquer cette situation ? On en revient au manque de volonté… ?



Pas trop vite cher lecteur ! Ne te laisses pas influencer ainsi par cette brève analyse… D’où vient ce présupposé selon lequel, pour l’Afrique, la meilleure solution de s’en sortir reste l’intégration au marché international et in fine au modèle de démocratie libérale ?

« C’est qui le sauvage ? »


On a pour l’instant jamais demandé à qui que ce soit si le modèle proposé par l’occident était le bon. C’est d’une telle évidence qu’il est le meilleur. Imposons le sans poser de questions…L’intellectuel – pas forcément mégalo d’ailleurs - croira exactement de la même façon que sa faculté d’expression, sa possibilité de mieux comprendre la littérature, bref d’en connaitre un peu plus que les autres le rendra plus fort. Et pourtant, l’est-il vraiment ?



Aux africains on impose un modèle fondé sur l’individualisme, et apparemment ces valeurs ne leurs correspondent pas. Peut-être qu’un esprit altruiste plus fort est ancré dans leur idéal de société.



Pendant que nous, occidentaux, essayons en vain de les aligner sur nos valeurs, on continue de les déstabiliser, on corrompt les peuples qui ensuite s’entretuent dans des guerres, et de celles-ci on se souvient de l’homme noir animal.
Mais d’après moi il faut se reposer une dernière fois la question :
« C’est qui le sauvage ? »




T.M

samedi 12 janvier 2008

International - L’épée sur les têtes.

La colline est le dernier roman paru avant la chute du régime de Saddam Hussein, le 9 avril 2003. Son auteur, Souhel Sami Nader, un brillant critique d’art en Irak, l’avait donné pour impression au mois de février, après dix ans de re-écriture. Le roman a paru quelques jours avant le déclenchement de la guerre, le 20 mars. Au moment de sa parution, Bagdad et les autres villes d’Irak étaient préoccupées par autre chose que la littérature. Les enjeux étaient, pour le plus infime consolider les fortifications vers le plus important, vivre le dernier jour d’une existence qui semblait pour tous les irakiens devoir prendre fin sous les violents bombardements américains.


Personne n’a lu le roman, exceptés un ami de l’écrivain et sa femme, qui l’avaient analysé, chapitre après chapitre, en retouchant ici et là , afin d’éviter l’œil de la censure. Ceci s’est déroulé pendant dix ans, le temps de l’écriture et de la re-écriture de ce roman. Au moment de sa parution le livre est passé inaperçu auprès des amis, des lecteurs ou des critiques . Tout le monde vivait alors dans l’angoisse et dans l’attente d’une guerre qui s’annonçait dans les heures à venir. En somme, ce fut le roman de la mauvaise heure par excellence.



Lorsque je suis retourné à Bagdad, aprés vingt sept ans d’absence, j’ai rencontré Souhel Sami Nader, qui avait beaucoup vieilli, il avait alors soixante trois ans. Dans une galerie, sur un gazon arrosé et protégé du soleil de juin par les branches d’un palmier, Souhel me donna un exemplaire de son roman, en y inscrivant une dédicace amicale mais neutre. En vérité nous ne nous connaissions plus depuis notre séparation en 1976. Nous ne nous sommes jamais écrit, et nous ne nous étions jamais revus. Je ne savais pas que lui, le critique d’art le plus brillant des années soixante dix, possédait un potentiel romanesque. Je pris son livre et le feuilletai avec attention et beaucoup de politesse. Il était mal imprimé. La qualité du papier était médiocre, la couverture rouge et noire qui ne signifiait rien lui donnait une valeur de demi-livre et de demi-manuscrit, venu d’une autre époque. De toute façon rien en ce livre m’encourageait à le lire, moi qui m’étais désormais habitué à l’élégance des livres européens, et même aux livres en arabe imprimés à Beyrout et au Caire.

"Tout le monde vivait alors dans l’angoisse et dans l’attente d’une guerre qui
s’annonçait dans les heures à venir. En somme, ce fut le roman de la mauvaise
heure par excellence."


Durant cet après midi, Souhel Sami Nader me raconta en quelques heures la deuxième moitié de sa vie que je ne connaissais pas, relatée de façon allégorique dans son roman. Le critique d’art s’était métamorphosé de force et sous la menace, en rédacteur d’articles traitant de la valeur picturale des tableaux à l’effigie du tyran, exécutés par des artistes, eux aussi contraints. “ Quand j’écrivais, je m’insultais à voix haute en même temps. Ma femme m’entendait. Parfois ma fille se réveillait à cause de mes cris de protestation. Mes crises de nerfs accompagnaient chaque article. Je ne pouvais protester que devant ma femme. “ m’a-t-il dit. “ Je devais rédiger des conneries parlant de la beauté de la guerre sur le front iranien, et cela durant huit ans. Combien de fois ai-je tiré la langue tout en postillonnant, comme si je répondais au même moment à ces textes minables. Tu ne peux pas mépriser tes propres écrits plus que cela. ”



L’apparence de Souhel que j’avais connu trente ans auparavant avait beaucoup changé. Il était devenu presque un vieillard, presque sans élégance, atteint de spasmophilie, il oubliait sans arrêt ses petites affaires. Il n’était plus le petit bourgeois d’autrefois, le gauchiste qui était fier d’avoir un père musulman de Bassorah, l’un des fondateurs du parti communiste, au milieu des années trente. Sa mère était juive, une communiste aussi avait été emprisonnée plus d’une fois. Cela remontait à des années lointaines, lorsque le ” confort “ des prisonniers politiques leur permettait de faire des grèves de la faim pour obtenir l’agrandissement de la bibliothèque de la prison ! Après cela, j’ai rencontré Souhel plusieurs fois à Bagdad, et le sujet de notre re-amitié est devenu son roman. Nous faisions connaissance à nouveau à travers “ la colline ”. Il tenta une fois de me raconter l’histoire de son roman, mais je refusai. Il me dit, avec son regard de chien battu : “ Tu dois le lire un jour, c’est un roman pour le futur, presque un testament. Tu sais, après ce qui s’est passé, je suis devenu insomniaque et j’ai décidé d’écrire mon testament pour les amis qui allaient revenir de l’exil. J’avais peur de mourir et que les amis trouvent après moi ces articles rédigés pendant la guerre. Ce roman , c’est mon histoire, et je pensais que les amis allaient le redécouvrir des années après ma mort. Mais les américains ont modifié tous mes plans, ils sont venus plus tôt que prévu. Et voilà mes amis peuvent lire un roman testament de mon vivant ”. J’ai quitté Bagdad sans voir mon ami rire une seule fois.



En France, j’ai lu “ la colline ”, après avoir dissimulé la couverture médiocre sous la jaquette d’un autre livre, comme cela se produit avec le manuscrit en question dans le roman lui-même.

“ La colline “ commence par ce paragraphe : ” Laïla a foncé brusquement vers ma chambre à coucher. J’étais accroupi sur mon lit et plein de photos de mes fouilles étaient éparpillées autour de moi. La lumière de la chambre était rouge sang. Je hurlai de peur, et je tombai à la renverse. Lorsque Laïla me vit par terre elle me demanda avec étonnement : “ Mais qu’est-ce que tu fais ? ”



Le roman dans son ensemble narre l’histoire d’une fouille archéologique, quelque part en Irak. Une équipe d’archéologues a comme mission de trouver certains indices qui remontent à l’époque abbasside. Au lieu de trouver ces indices, l’un des archéologues, par ailleurs le narrateur, découvre un manuscrit caché soigneusement au creux d’un mur. Le manuscrit porte une couverture de cuir qui dissimule le titre originel. Il s’agit du livre célèbre de l’écrivain irakien du dixième siècle connu sous le nom d’Al Jahed, et le manuscrit est le fameux Al Bayyan Wa Al tabiin. Mais le contenu du manuscrit se révèle différent du texte connu à nos jours. En fait le document trouvé raconte l’horreur qu’un écrivain a subi durant cette époque. La phrase “ l’épée sur les têtes ” revient régulièrement dans chaque chapitre, l’auteur ou le scribe a ajouté de nombreuses annotations dans les marges, ici et là, adressées à un lecteur du futur, telle “ le livre se lit dans tout lieu et dans tout temps, tandis que les paroles meurent dans le creux de l’oreille “ . Et à la fin du livre, l’auteur exprime un ultime souhait: ” Nous serons heureux si vous découvrez un jour ce livre, prêtez-le à vos amis, et discutez sur les propos étranges et macabres qu’il renferme. ”



Le manuscrit devient un problème au sein de l’équipe d’archéologues. Personne n’ose interpréter les dires de cet écrivain du moyen âge. La découverte devient un châtiment, et chacun essaie de se tirer d’affaire devant le chef d’expédition. Enfin tous les membres de l’équipe décident d’enterrer ce manuscrit, prétextant qu’il est alors inutile de le lire. Le narrateur archéologue confesse que ce texte est arrivé avec mille ans de retard. Puis la mort et la solitude dispersent l’équipe d’archéologues, et la vie du narrateur retourne au quotidien.
Lorsque je terminai le roman, je pensai à l’effort perdu, peut-être, de mon ami le romancier irakien Souhel Sami Nader, qui avait re-écrit son livre pendant dix ans, afin d’éviter la mort et le sévère châtiment de la censure, faisant de sa femme et de son ami, les vrais censeurs. Le roman est parvenu aux lecteurs mille ans avant ce que prévoyait le narrateur. Et en tant que lecteur je le prêterai à beaucoup d’amis pour qu’ils sachent comment l’épée était sur les têtes des écrivains en Irak, durant un quart de siècle.










JABBAR YASSIN HUSSEIN (ancien journaliste pour Le Monde)

samedi 29 décembre 2007

International - Qui est-ce qui se fait « fourer » ?

Le Darfour qui signifie en fait « maison des Fours » - ethnie majoritaire dans l'Ouest du Soudan - rappelle étrangement un cauchemar du siècle dernier. Soixante-dix années ont passé, et pourtant, toujours possédés par une même rage, les hommes - ou une partie d'entre eux - continuent de s'entretuer.
Aujourd'hui je veux -si seulement vous faites l'effort de m'entendre- vous parler du Darfour. Ce conflit réunit tous les vices, toutes les misères et toutes les souffrances des hommes sans que pour autant personne n'intervienne, comme si, quelque chose de plus important, de plus grave, empêchait les forces internationales d'arrêter ce conflit.
Mais alors, quelle est cette chose effroyable qui motive tant de crimes, tant de bêtises et tant de haine ? Ce n'est sans doute pas l'argent, pas non plus les ressources pétrolières, ni la recherche du pouvoir et surtout pas la religion. L'ennui peut-être.
Plus que le Darfour ce qui m'interpelle aujourd'hui, c'est l'universalité du conflit. Des extrémistes musulmans, des pauvres qui subissent et des riches qui exploitent, et, enfin, des noirs qui souffrent à la place des autres. Toutes les conditions réunies pour réussir une belle guerre, à la fois moderne et efficace.
Casting hollywoodien et scénario magique : derrière une guerre de religion et de pouvoir entre le Tchad et le Soudan, entre les arabes et les noirs, quelques puits de pétrole qui rendent l'intervention internationale impossible. La question qui se pose alors est : qui sauve-t-on ? Le pétrole ou les vies humaines ? Pour le moment le pétrole reste l'enjeu numéro un, mais chers lecteurs ne vous inquiétez pas car comme le précise si bien un journaliste de France 5, « Les massacres au Darfour ont pratiquement cessés». D'un ton apaisé il précisera dans la seconde partie de sa phrase que c'est « faute de victimes ».
Alors oui, c'est vrai on est inquiet. Car on a beau réfléchir, en essayant de se persuader que cette misère est propre à une situation donnée, on n'y arrive pas. Quand on repense aux millions de morts de la première guerre, quand ensuite on cogite sur les autres soixante millions de victimes tuées à peine trente ans plus tard, alors - mais seulement alors - il nous arrive de penser que la guerre est provoquée par l'ennui.
On enterre la pauvreté, on cache la misère - ou du moins on fait presque tout pour ne pas la voir - pendant qu'un « American dream » est promu à travers toutes les instances du système, et, parfois, frappés par l'ennui et la fatigue, on y succombe.
D'ailleurs, alors qu'hier soir mon colocataire rentrait d'un travail éreintant, il n'a pas su résister au plaisir de quelques images du 20 heures, qui bien que fausses et agaçantes lui étaient très rassurantes. Une vision simplifiée du monde, avec une information émondée des faits les plus comminatoires, lui a permis de succomber au sommeil, et de tomber dans le rêve. Souvent quand on s'ennuie, on s'affale devant la télé et au lieu de profiter de l'information, on a une fâcheuse tendance à la subir.
Bref, voilà le pitch du colloc au réveil le lendemain : « On s'est peut-être trompé ! » dit-il d'une voix certaine, « le conflit au Soudan n'est peut-être rien d'autre qu'une guerre contre des « musulmans islamistes intégristes extrémistes non modérés !»». Il continue avec toujours plus de force et de conviction, pour enfin finir sur cette phrase complètement conne: « Alors prenons garde, et continuons de consommer les produits occidentaux pour bien soutenir la cause juste ! »
Cette conception manichéenne du monde est triste et pourtant réelle, sauf si, on produit un effort minimum pour approfondir ce que les médias nous proposent. L'ennui est simplement l'exemple d'un vice - comme l'envie ou la paresse - qui nous rend passif et vulnérable face aux dérives de notre propre société.
Alors, je demande que bientôt un message s'affiche aux bas de nos téléviseurs avec écrit : « L'information peut tuer, restez vigilants et consommez la avec modération ». Enfin, il faudra respectez les pictogrammes, -16 ans, - 14ans, - 12ans, car, ne l'oubliez jamais, vos enfants ne voient pas la même chose que vous…

Thomas Mogharaei

International - Désorganisations internationales

Il arrive à des socialistes français d'être élus.

Depuis le 1er septembre 2005, Pascal Lamy est directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce.

Depuis le 28 septembre 2007, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du Fonds Monétaire International.

Mais les organisations internationales mettent-elles en œuvre les convictions politiques de leurs dirigeants, ou les mettent-elles simplement entre parenthèses ?

Dans un système libéral où l'argent est roi et l'individu vassalisé, le travail de gestionnaire supplante celui de réformateur. Les encartés ne sont plus que des observateurs politisés, et leurs volontés d'inflexion d'un modèle propagé se heurtent à la réalité de la mondialisation.

D'abord l'OMC est régie par le principe de « member-driven » : ce sont les membres qui fixent les règles du commerce international, et le DG n'est que le simple administrateur et organisateur de ces volontés, souvent divergentes.

Ce dernier est, de plus, confronté à une crise de leadership : les désirs de l'UE et des Etats-Unis ne font plus consensus, et les pays émergents revendiquent davantage de prise en compte, en vertu de leur rôle croissant dans l'économie mondiale.

Au début de son mandat, Pascal Lamy poussait pour la « libéralisation des services », aujourd'hui effective. Cependant le traitement « spécial et différencié », souhaité par les pays en développement pour favoriser leur adaptation progressive à la concurrence internationale a été retoqué par les européens et américains, qui ont fait jouer leur droit de veto.
De la même façon, aucune action n'est intervenue au niveau agricole : les deux grands continuent d'arroser leurs agriculteurs de subventions pour écouler les excédents, et favoriser une vente à des prix ultra compétitifs, rendant ainsi l'accès au marché compliqué pour les pays émergents.

Ensuite le FMI, né en 1944 lors des accords de Bretton Woods. Il est financé par les cotisations de ses adhérents, elles-mêmes proportionnelles à la richesse des pays. Les Etats-Unis, principaux financiers, possèdent donc une minorité de blocage qui leur permet de mener leur politique et de l'imposer sur les marchés. Ils détiennent 17% des droits de vote, et l'Union Européenne 32. Alors que la Chine, l'Inde et le Brésil ne représentent, à eux trois, que moins de 7% des voix.

"Il arrive à des socialistes français d'être élus."

Il est donc évident que la pierre angulaire du programme de Dominique Strauss-Kahn, mieux répartir la représentation des pays, donc amputer à certains pour donner à d'autres, relève de l'utopie.

Le 9 novembre dernier, à la suite d'un échange avec le président togolais, DSK encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts pour redynamiser la croissance et l'emploi. Après, les aides du FMI pour combler les déficits abyssaux du Togo seront annoncés. Seulement après. Faites de la croissance, baissez le chômage, après on arrive ! Quand tout va bien… Le socialisme en prend un coup.

La construction même de ces institutions empêche que l'appartenance politique de leurs dirigeants ait d'incidence majeure sur leur fonctionnement. Comment, en effet, plaider pour une régulation du commerce et des transactions, à la tête d'institutions qui, par essence, portaient en elles la libéralisation des échanges ?

Comment humaniser les principes d'une mondialisation en marche, dès lors que Goliath a récupéré le lance-pierres de David ?


LOUIS AMAR

International - Le Moyen-Orient en bref.

15 décembre. Aujourd'hui la situation au Moyen-Orient vue de la France, ça donne : une division interne de la Palestine et son éternel confit avec l'Israël, la guerre de pouvoir au Liban, et pendant que l'Iran persiste et affirme sa volonté d'avoir le nucléaire civile, le Pakistan fait le spectacle avec le duel Bhutto Musharraf. Dans le même temps, la Turquie qui vit aujourd'hui dans un climat tendu suite aux regains de tensions dans le conflit avec le Kurdistan - région du le peuple kurde étendue sur les territoires turcs, iraniens, irakiens et syriens – trouve pour sa part quelques difficultés à maîtriser ses frontières, avec une Irak qui se reconstruit dans un climat difficile. Enfin, il reste la Syrie qui bien que discrète a apparemment réussi à rafler un gros rôle dans le conflit et, les Etats-Unis sans qui tout ça ne serait pas possible. Bref, vous l'aurez compris, si vous avez encore des doutes, le Moyen-Orient est le lieu où il faut être pour les feux d'artifices de la nouvelle année !

Beyrouth. 7 Décembre. La présidence d'Emile Lahoud est arrivée à son terme il y a maintenant deux semaines, et comme le stipule la constitution, les députés libanais devaient désigner un successeur. Mais on est au Moyen-Orient, et, il n'y a point d'évènements sans tourments. Car la Syrie considère le Liban comme une région particulière de son pays, lui ayant été enlevée à l'époque post coloniale. Dès lors l'influence syrienne au Liban reste très importante, et, comme le montrent si bien ces élections, le pays n'arrive pas à trouver son indépendance. Par ailleurs le Liban est aujourd'hui le terrain de l'affrontement des deux grands courants musulmans, les chiites – courant le plus répandu en Iran et en Syrie - et le courant sunnite qui peuple majoritairement le reste du Moyen-Orient, notamment l'Arabie Saoudite. La crise est profonde et pour la comprendre il faut revenir sur notre héros iranien et son ami syrien, qui, bastions du chiisme contemporain semblent être à la source du regain de tension dans la région.

Téhéran. 5 Décembre. Non sans étonnement, on notera l'invitation inattendue de l'Iran le 3 décembre au Sommet de Doha, qui réunit tous les ans les pays de la CCG (conseil de coopération du golfe) crée en 1981 pour faire front à la révolution islamique iranienne. C'est sans doute le signe qu'un nouveau bloc avec à sa tête une nouvelle puissance régionale, l'Iran est en train de se former. Mais pourquoi se rapprochement ? L'affaiblissement de l'Etat américain comme hyper puissance, entraîné par son économie souffrante qui donne les premiers signes d'une faiblesse semblant allée croissante. L'échec en Irak est au fond le premier signe de l'essoufflement du rayonnement américain qui autant sur le plan diplomatique qu'économique voit son influence se réduire, laissant ainsi une place à l'émergence de nouvelles puissances : l'Iran veut en faire partie. D'autre part les pays du Golfes sentent eux aussi que la flambée des prix du baril accroît sans cesse leur influence et que leur union est d'un intérêt commun.

Washington. 4 décembre. D'après un rapport publié par les seize plus grandes agences américaines de renseignement, l'Iran a interrompue son programme nucléaire depuis déjà quatre ans. C'est pourtant avec violence et presque désespoir que George Bush parlait depuis quelques temps de la situation iranienne, et, un peu malgré nous, nous acquiescions à chacune de ces annonces. Un vocabulaire de la peur bien maîtrisé - «holocauste nucléaire », « 3ème guerre mondiale » - un cours du pétrole sans cesse revu à la hausse - presque 100 dollars – et, enfin, pour promouvoir cette future guerre un argument de choix : la défense de la démocratie. Prosélytisme, zèle ardent entretenus sans relâche par les médias occidentaux, nous, populations, étions acculés dans l'impasse de la peur.

Paris. 1 décembre. Hasard du calendrier ou connivence entre deux Etats, lors d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU, la Chine se déclare enfin prête à appliquer des sanctions économiques à l'Iran. Désormais ces sanctions n'apparaissent plus nécessaires, et donc la Chine, petite vicieuse aurait sauté sur l'occasion pour se donner l'espace de quelques jours, l'apparence d'une nation démocratique ?

Annapolis. 27 Novembre. Dans le conflit israélo-palestinien après sept années de silence diplomatique contrastant avec une guerre pour sa part très bruyante, cette conférence apparaît comme un espoir de reconstruire, d'essayer de s'expliquer et de « mettre fin au bain de sang » qui, bien que catalyseur d'audiences, a fait perdre trop de consommateurs, et, quand la croissance est menacée, on le sait tous, il faut réagir, alors voilà le plan : on ressort la « feuille de route » rédigée en 2003 et cette fois-ci on se débrouille pour que ça fonctionne. Bush, Abbas et Olmert, trois hommes en quêtes de popularité. La clé de voûte de cette conférence ? « L'intérêt personnel ! » Sacré modèle libérale, tu nous surprendras toujours… Mais de cette conférence à Annapolis on retiendra quand même une chose : la reprise du dialogue entre l'Israël et le monde arabe.

Islamabad. 5 Octobre. Le conflit pakistanais représente aujourd'hui un étrange combat entre d'un côté le pouvoir dictatorial de Musharraf défendu par les démocraties occidentales, et par ailleurs les courants démocratiques de Benazir Bhutto et Nawaz Sharif soutenus par les dictatures régionales. C'est alors que la démocratisation du pays semble être une porte ouverte à la montée de l'islamisme radicale, et un moyen pour les puissances régionales d'obtenir les secrets de fabrication de la bombe atomique. Et, quand la dictature sauve la démocratie, on se met presque à imaginer que la guerre peut préserver la paix.

Bref, la volonté générale permanente de tous les pays d'accroître leur influence sur la scène mondiale a entraîné ces temps ci un regain des tensions. Tous prétendent défendre un intérêt, dont un qui est commun à tous: l'intérêt économique. Ce dernier permet pour le moment de demeurer dans une situation instable qui reste pacifique. La tension reste très forte car bientôt les dirigeants seront dépassés par la base fanatique de leur soutien motivés à bloc car trop longtemps persuadés de défendre un modèle. Quand le fanatisme trouve sa place dans la discussion, la raison des uns disparaît, la folie des autres fait surface, et, laisse présager de très beau feux pour la nouvelle année…

THOMAS MOGHARAEI