Il est une idée répandue, en France, selon laquelle après une période de trouble politique, où s’amoncellent erreurs, approximations et désamour, l’alternance est une obligation. Toutefois, cette vision ne répond à aucune expérience nationale récente : malgré la crise des banlieues, la cote de popularité en chute libre de Jacques Chirac, l’imbroglio Clearstream ou le mouvement puissant contre le CPE, la droite est restée au pouvoir.
Il est une idée répandue, en France, selon laquelle seul un Démocrate peut empocher le scrutin présidentiel américain. Comme si le duel Clinton-Obama était en fait un second tour avant la lettre.
La célèbre politologue américaine Susan George parie, elle, sur la victoire du Républicain John MC Cain, sénateur, respecté, ultra-libéral, et à qui rester « cent ans » en Irak ne disconviendrait pas… Aux Etats-Unis, les différences fondamentales sont ténues entre les deux grands partis : tous deux libéraux, pro capitaliste, ils se distinguent essentiellement par leurs visions sociétales, progressistes ou conservatrices. Toujours selon Susan George, ce pronostic s’explique justement par ce clivage quasi illisible. Le plus à gauche des Démocrates, John Edwards (qui s’était déjà engagé en 2004 pour le poste de vice-président de John Kerry), le seul à promettre un retrait immédiat des troupes d’Irak, le seul à introduire dans ses discours les notions de classes sociales disparates et antagonistes, plutôt qu’un bloc uniforme, est hors course.
"La célèbre politologue américaine Susan George parie, elle, sur la victoire du
Républicain John MC Cain"
Sans réelle opposition, dans un pays où le vote, soit pour une femme, soit pour un noir sans grande expérience reste une inconnue, ce scrutin est bien davantage indécis que l’opinion courante ne le laisse à penser. De plus l’électorat conservateur, majoritaire à deux reprises, est très attaché à la tradition catholique. Et lors du premier caucus, dans l’Iowa, Mike Huckabee, le pasteur évangéliste, l’a emporté. Quant à MC Cain, il est clairement contre le mariage gay, et surtout contre l’avortement, dans la lignée des positions vaticanes.
Reste à voir aussi si les thématiques de l’espoir et du changement, mises en avant et par Hillary Clinton, et par Barak Obama, résonneront au cœur d’un Amérique désenchantée.
Dans son édition de la fin novembre dernier, Le Figaro magazine s’interrogeait sur l’invincibilité de l’ex-première dame. Mais il serait temps de reléguer ce présupposé au profit de la réalité élective. Le mythe, le fantasme et l’assurance aveugle, autant d’éléments constitutifs de la politique-fiction, ouvrent parfaitement la voie de la désillusion.
L.A
2 commentaires:
"De plus l’électorat conservateur, majoritaire à deux reprises, est très attaché à la tradition catholique."
Petite erreur: ce n'est pas la tradition catholique a laquelle est attachee l'electorat conservateur, mais protestante.
Le seul president qui fut catholique, rappelons-le, c'etait John F Kennedy; le reste des presidents furent tous ou quasiment protestants.
C'est vrai qu'il y a un attachement à l'identité WASP (protestant) historiquement. Néanmoins, la proximité avec les positions du vatican est frappante...
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