dimanche 16 mars 2008

Il Restait un Truc génial à Dire - Oyez, oyez braves gens.

Cette affirmation vous paraîtra pompeuse, prétentieuse, voire présomptueuse, certes. Néanmoins, elle n’en est pas moins apodictique pour autant : la langue française se perd, palabre après palabre, dans les méandres du modernisme. Il ne faut point généraliser ; certaines gens parviennent à conserver un idoine phrasé. Mais, rendons-nous à l’évidence : ces marginaux sont trop souvent montrés du doigt.

La plupart se seront demandés quelle idée saugrenue m’a traversé l’encéphale au moment d’employer une formulation moyenâgeuse dans le titre, et ce sans même concevoir que ce ne fût qu’une répétition du verbe « ouïr » à la deuxième personne du pluriel.
Dans un quotidien où nous communiquons sans répit, la jeunesse semble s’adonner à son insu à un mimétisme langagier. Des expressions sont employées, sans cesse, sans sens. Constatez par vous-même :

Lorsqu’un confrère réussit, on lui dira qu’il « administre une affaire ou des intérêts pour le compte d'autrui » (il gère), voire qu’il en a « prélevé un liquide organique rouge, cheminant par les artères et les veines dans les diverses parties du corps » (il l’a saigné). En outre, nos phrases sont ponctuées, sans mesure et sans raison, d’ « ensemble d'êtres ou d'objets ayant la même origine ou liés par la similitude d'un ou de plusieurs caractères » (genre). Sans mentionner l’abus de formules pléonastiques, telles que « s’avérer vrai », ou « assez satisfaisant ». Par ailleurs, quand un quidam adopte un parlé soutenu, la galerie lui rétorque que sa galéjade est vaine, s’interroge sur sa santé mentale, ou même sur les substances illicites qu’il aurait pu consommer.
"Dans un quotidien où nous communiquons sans répit, la jeunesse semble s’adonner à son insu à un mimétisme langagier. Des expressions sont employées, sans cesse, sans sens."

Il paraîtra incongru que je m’obstine à préserver l’existence de vocables antédiluviens. En effet, même le chef de l’Etat emploie des mots vulg… modernes, dirons-nous. Faire évoluer la langue de Molière vers un jargon peu conventionnel : c’est cela, la rupture.

J’use et j’abuse de votre patience, en discourant de manière quasi - prudhommesque. Après maints exemples, je suppose que mon argument est désormais dépourvu d’équivoque. J’aurais apprécié clore ces propos compendieusement, par une péroraison poétique. Aimé oser vous souhaiter qu’aujourd’hui vous soit plaisant. Enfin, un brin surannée, vous faire part, lecteur, de mes amitiés et autres salutations distinguées. Mais, l’adaptation étant la clé de la réussite, je dois m’accorder sur le palabre de mes concitoyens.

Sur ce, casse-toi pauvre con.

VICTOIRE LOUAPRE

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