samedi 29 décembre 2007

International - Le Moyen-Orient en bref.

15 décembre. Aujourd'hui la situation au Moyen-Orient vue de la France, ça donne : une division interne de la Palestine et son éternel confit avec l'Israël, la guerre de pouvoir au Liban, et pendant que l'Iran persiste et affirme sa volonté d'avoir le nucléaire civile, le Pakistan fait le spectacle avec le duel Bhutto Musharraf. Dans le même temps, la Turquie qui vit aujourd'hui dans un climat tendu suite aux regains de tensions dans le conflit avec le Kurdistan - région du le peuple kurde étendue sur les territoires turcs, iraniens, irakiens et syriens – trouve pour sa part quelques difficultés à maîtriser ses frontières, avec une Irak qui se reconstruit dans un climat difficile. Enfin, il reste la Syrie qui bien que discrète a apparemment réussi à rafler un gros rôle dans le conflit et, les Etats-Unis sans qui tout ça ne serait pas possible. Bref, vous l'aurez compris, si vous avez encore des doutes, le Moyen-Orient est le lieu où il faut être pour les feux d'artifices de la nouvelle année !

Beyrouth. 7 Décembre. La présidence d'Emile Lahoud est arrivée à son terme il y a maintenant deux semaines, et comme le stipule la constitution, les députés libanais devaient désigner un successeur. Mais on est au Moyen-Orient, et, il n'y a point d'évènements sans tourments. Car la Syrie considère le Liban comme une région particulière de son pays, lui ayant été enlevée à l'époque post coloniale. Dès lors l'influence syrienne au Liban reste très importante, et, comme le montrent si bien ces élections, le pays n'arrive pas à trouver son indépendance. Par ailleurs le Liban est aujourd'hui le terrain de l'affrontement des deux grands courants musulmans, les chiites – courant le plus répandu en Iran et en Syrie - et le courant sunnite qui peuple majoritairement le reste du Moyen-Orient, notamment l'Arabie Saoudite. La crise est profonde et pour la comprendre il faut revenir sur notre héros iranien et son ami syrien, qui, bastions du chiisme contemporain semblent être à la source du regain de tension dans la région.

Téhéran. 5 Décembre. Non sans étonnement, on notera l'invitation inattendue de l'Iran le 3 décembre au Sommet de Doha, qui réunit tous les ans les pays de la CCG (conseil de coopération du golfe) crée en 1981 pour faire front à la révolution islamique iranienne. C'est sans doute le signe qu'un nouveau bloc avec à sa tête une nouvelle puissance régionale, l'Iran est en train de se former. Mais pourquoi se rapprochement ? L'affaiblissement de l'Etat américain comme hyper puissance, entraîné par son économie souffrante qui donne les premiers signes d'une faiblesse semblant allée croissante. L'échec en Irak est au fond le premier signe de l'essoufflement du rayonnement américain qui autant sur le plan diplomatique qu'économique voit son influence se réduire, laissant ainsi une place à l'émergence de nouvelles puissances : l'Iran veut en faire partie. D'autre part les pays du Golfes sentent eux aussi que la flambée des prix du baril accroît sans cesse leur influence et que leur union est d'un intérêt commun.

Washington. 4 décembre. D'après un rapport publié par les seize plus grandes agences américaines de renseignement, l'Iran a interrompue son programme nucléaire depuis déjà quatre ans. C'est pourtant avec violence et presque désespoir que George Bush parlait depuis quelques temps de la situation iranienne, et, un peu malgré nous, nous acquiescions à chacune de ces annonces. Un vocabulaire de la peur bien maîtrisé - «holocauste nucléaire », « 3ème guerre mondiale » - un cours du pétrole sans cesse revu à la hausse - presque 100 dollars – et, enfin, pour promouvoir cette future guerre un argument de choix : la défense de la démocratie. Prosélytisme, zèle ardent entretenus sans relâche par les médias occidentaux, nous, populations, étions acculés dans l'impasse de la peur.

Paris. 1 décembre. Hasard du calendrier ou connivence entre deux Etats, lors d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU, la Chine se déclare enfin prête à appliquer des sanctions économiques à l'Iran. Désormais ces sanctions n'apparaissent plus nécessaires, et donc la Chine, petite vicieuse aurait sauté sur l'occasion pour se donner l'espace de quelques jours, l'apparence d'une nation démocratique ?

Annapolis. 27 Novembre. Dans le conflit israélo-palestinien après sept années de silence diplomatique contrastant avec une guerre pour sa part très bruyante, cette conférence apparaît comme un espoir de reconstruire, d'essayer de s'expliquer et de « mettre fin au bain de sang » qui, bien que catalyseur d'audiences, a fait perdre trop de consommateurs, et, quand la croissance est menacée, on le sait tous, il faut réagir, alors voilà le plan : on ressort la « feuille de route » rédigée en 2003 et cette fois-ci on se débrouille pour que ça fonctionne. Bush, Abbas et Olmert, trois hommes en quêtes de popularité. La clé de voûte de cette conférence ? « L'intérêt personnel ! » Sacré modèle libérale, tu nous surprendras toujours… Mais de cette conférence à Annapolis on retiendra quand même une chose : la reprise du dialogue entre l'Israël et le monde arabe.

Islamabad. 5 Octobre. Le conflit pakistanais représente aujourd'hui un étrange combat entre d'un côté le pouvoir dictatorial de Musharraf défendu par les démocraties occidentales, et par ailleurs les courants démocratiques de Benazir Bhutto et Nawaz Sharif soutenus par les dictatures régionales. C'est alors que la démocratisation du pays semble être une porte ouverte à la montée de l'islamisme radicale, et un moyen pour les puissances régionales d'obtenir les secrets de fabrication de la bombe atomique. Et, quand la dictature sauve la démocratie, on se met presque à imaginer que la guerre peut préserver la paix.

Bref, la volonté générale permanente de tous les pays d'accroître leur influence sur la scène mondiale a entraîné ces temps ci un regain des tensions. Tous prétendent défendre un intérêt, dont un qui est commun à tous: l'intérêt économique. Ce dernier permet pour le moment de demeurer dans une situation instable qui reste pacifique. La tension reste très forte car bientôt les dirigeants seront dépassés par la base fanatique de leur soutien motivés à bloc car trop longtemps persuadés de défendre un modèle. Quand le fanatisme trouve sa place dans la discussion, la raison des uns disparaît, la folie des autres fait surface, et, laisse présager de très beau feux pour la nouvelle année…

THOMAS MOGHARAEI

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