Il arrive à des socialistes français d'être élus.
Depuis le 1er septembre 2005, Pascal Lamy est directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Depuis le 28 septembre 2007, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du Fonds Monétaire International.
Mais les organisations internationales mettent-elles en œuvre les convictions politiques de leurs dirigeants, ou les mettent-elles simplement entre parenthèses ?
Dans un système libéral où l'argent est roi et l'individu vassalisé, le travail de gestionnaire supplante celui de réformateur. Les encartés ne sont plus que des observateurs politisés, et leurs volontés d'inflexion d'un modèle propagé se heurtent à la réalité de la mondialisation.
D'abord l'OMC est régie par le principe de « member-driven » : ce sont les membres qui fixent les règles du commerce international, et le DG n'est que le simple administrateur et organisateur de ces volontés, souvent divergentes.
Ce dernier est, de plus, confronté à une crise de leadership : les désirs de l'UE et des Etats-Unis ne font plus consensus, et les pays émergents revendiquent davantage de prise en compte, en vertu de leur rôle croissant dans l'économie mondiale.
Au début de son mandat, Pascal Lamy poussait pour la « libéralisation des services », aujourd'hui effective. Cependant le traitement « spécial et différencié », souhaité par les pays en développement pour favoriser leur adaptation progressive à la concurrence internationale a été retoqué par les européens et américains, qui ont fait jouer leur droit de veto.
De la même façon, aucune action n'est intervenue au niveau agricole : les deux grands continuent d'arroser leurs agriculteurs de subventions pour écouler les excédents, et favoriser une vente à des prix ultra compétitifs, rendant ainsi l'accès au marché compliqué pour les pays émergents.
Ensuite le FMI, né en 1944 lors des accords de Bretton Woods. Il est financé par les cotisations de ses adhérents, elles-mêmes proportionnelles à la richesse des pays. Les Etats-Unis, principaux financiers, possèdent donc une minorité de blocage qui leur permet de mener leur politique et de l'imposer sur les marchés. Ils détiennent 17% des droits de vote, et l'Union Européenne 32. Alors que la Chine, l'Inde et le Brésil ne représentent, à eux trois, que moins de 7% des voix.
"Il arrive à des socialistes français d'être élus."
Il est donc évident que la pierre angulaire du programme de Dominique Strauss-Kahn, mieux répartir la représentation des pays, donc amputer à certains pour donner à d'autres, relève de l'utopie.
Le 9 novembre dernier, à la suite d'un échange avec le président togolais, DSK encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts pour redynamiser la croissance et l'emploi. Après, les aides du FMI pour combler les déficits abyssaux du Togo seront annoncés. Seulement après. Faites de la croissance, baissez le chômage, après on arrive ! Quand tout va bien… Le socialisme en prend un coup.
La construction même de ces institutions empêche que l'appartenance politique de leurs dirigeants ait d'incidence majeure sur leur fonctionnement. Comment, en effet, plaider pour une régulation du commerce et des transactions, à la tête d'institutions qui, par essence, portaient en elles la libéralisation des échanges ?
Comment humaniser les principes d'une mondialisation en marche, dès lors que Goliath a récupéré le lance-pierres de David ?
LOUIS AMAR
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