On pourrait simplement partir de cette citation de Godard dans Le Petit Soldat : « Il n’y a aucun doute, la force est supérieur à l’intelligence. Il faut être fort c’est vrai, mais [seulement] pour résister à la force ».
Ensuite dire que l’idéal démocratique avait tout misé sur l’intelligence. On avait basé ce modèle de société sur un rêve très noble, selon lequel tout le monde pouvait voter. L’élite comme les autres, en aplanissant l’archaïque pyramide sociale, au moins institutionnellement. Mais ce rêve aurait été trop facilement réalisé s’il n’avait pas été sous-tendu par son pendant négatif : voter c’est aussi, malheureusement, suivre la pensée du meilleur rhéteur. Or cette dérive n’est pas récente, ainsi Platon disait-il que « la perversion de la Cité commence par la fraude des mots. »
Notre société est donc devenue celle du plus fort, avant celle du plus intelligent. On s’en est trop tardivement rendu compte : on aurait pu construire une société où les plus sages auraient gouvernés. Ce sont les plus riches qui dirigent. L’intelligence n’est plus qu’un complément de la force.
On s’est alors imaginé que l’idée du plus fort était l’idée la plus juste. On pourrait s’arrêter sur cette phrase de Pascal : " Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force. "
Aujourd‘hui, dans les sociétés démocratiques, on peut simplement espérer que le plus fort impose l’idée intelligente. Sans vraiment en être sur.
La force rend responsable. Mais celui qui se veut responsable ne peut pas toujours être juste.
Quand on a plus la volonté d’être juste, il suffit simplement de se dire responsable.
LA REDACTION
samedi 9 février 2008
Editorial - Fevrier
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